Yeux dans les yeux, je me laissais embarquer par le monde dans lequel elle m'emmenait voyager. Je me laissais plonger dans l'océan de son regard, m'envoler dans le ciel sans nuage de ses iris. Des frissons me parcouraient rien qu'en la voyant, rien que quand elle souriait. C'étaient d'agréables frissons, qui réchauffaient mon corps tout entier, qui me faisaient vibrer, revivre. Eprouvée par cette longue nuit de la découverte de nos corps, je la trouvais toujours aussi belle, et ce en toutes circonstances. J'avais beau chercher encore et encore, je ne trouvais jamais un défaut. Ces flammes nouvelles qui brûlaient en moi éloignaient de moi toute imperfection, ne gardant que le plus beau. Ne gardant qu'Eirian.
Sur mes mots, elle passa une main derrière ma nuque et m'entraîna dans un baiser rempli de passion que je pris comme une agréable réponse. Appréciant cet instant, nouées ensemble à nouveau, je laissais mes doigts parcourir les hanches et les cotes de la blonde, ne me lassant pas de la chaleur que son corps diffusait contre le mien. Puis l'embrassade prit fin et elle me serra contre elle. Me laissant aller à cette douce étreinte, je me blottis contre Eirian, enfouissant ma tête dans son cou et ses boucles blondes. Je frémissais sous ses ongles qui parcouraient mon dos, tandis que je prenais de longues inspirations afin de me délecter de son odeur si personnelle, si unique, si enivrante. Et enfin, des mots émergèrent d'entre ses lèvres. Des mots qui me firent douter l'espace d'un instant. Mais elle savait se montrer très convaincante... Et je ressentais tout le même désir en moi que je pouvais le comprendre sans sa voix. Mais... N'était-ce pas trop rapide d'emménager ensemble ? Déjà maintenant ? Si tôt ? Alors que nous ne nous connaissions si peu ? Eirian était éprise d'un amour passionnel envers moi, et je devais avouer que mes sentiments étaient fort à son égard. Mais si on se rendait compte que l'on ne se plaisait pas tant que ça à force de vivre ensemble, toujours, tous les jours ? Et d'un autre côté... Je mourrais d'envie de quitter cet hotel froid et miteux afin de me réveiller chaque matin aux côtés de la belle. Le choix du confort n'était de loin pas un dilemme, au contraire. Et en plus, je me ruinais à pioncer dans ce trou à rat...
En fait, je ne voyais pas de raison pour refuser. J'en mourais d'envie et ce peut importait notre avenir. Que notre histoire ne dure que quelques semaines ou jusqu'à la fin de notre vie, je ne voulais pas perdre de temps. Je voulais être avec elle. Avec celle qui avait su me réparer... Avec elle où j'étais si bien blottie au coeur de ses bras. -Comment refuser, susurrai-je. Puis, sans me séparer d'elle, je levai ma tete. Je posai ma main sur sa joue pour doucement la tourner vers moi et déposai un tendre baiser amoureux sur ses lèvres. Puis un second. Auprès d'elle, je me sentais capable de tout. Je me sentais d'affronter tous les malheurs de ce monde. Je me sentais puissante et indestructible. Et je n'avais plus du tout envie de sortir de cette bulle qui cernait toute la ville. C'était notre petit monde à toutes les deux, sans rien, aucun élément extérieur, pour semer le trouble. Nous. Il n'y avait que nous.
Je lui offris un sourire béat, heureux. Je déposai un baiser sur son front couvert de mèches blondes avant de me lever, quittant le refuge chauffé du canapé et des couvertures. Nue dans le salon, le froid mordit ma peau. Les flammes du foyer étaient sur le point de s'éteindre et il fallait bien rajouter du bois si l'on ne voulait pas mourir de froid. Je saisis une bûche et la déposai avec précaution sur les braises rougeoyantes, qui ne tardèrent pas à se régaler de ce précieux repas. Les étincelles repartirent de plus belle, réchauffant la pièce petit à petit. Je jetai un regard au salon et découvris sur un fauteuil une peau de mouton bien fournie. Sans hésiter, je l'attrapai et succombai sous sa douceur. Je me précipitai à nouveau vers Eirian, la peau entre mes mains et nous emballai à l'intérieur, en plus des épaisses couvertures. Sans le vouloir, nous nous étions forgées instinctivement un petit nid douillet et d'amour. Alors je me serai contre la belle blonde, récupérant ces secondes perdues si loin d'elle. Eirian... Je me réjouis de découvrir mon avenir à tes côtés, déclarai-je les yeux clos, un sourire aux lèvres, m'imaginant, rêvant derrière ces paupières sombres, un futur radieux.
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